22 juin 2018

Les Fiancés du Rhin - Marie-Bernadette Dupuy


Les Fiancés du Rhin de Marie-Bernadette Dupuy est un roman français paru le 2 Février 2012 chez Calmann Lévy.
Nombre de pages (poche) : 999
Prix : 9.90 euros.

Résumé :

« Avec son inimitable talent de conteuse, Marie-Bernadette Dupuy nous entraîne dans une trépidante saga aux personnages attachants, embarqués dans les soubresauts tragiques de l’histoire alsacienne. »




Mon avis :

      Le premier dimanche de septembre 1928 Clémence, accompagnée de sa fille Noëlle, se rend à Ribeauvillé. La fête du Pffiferdaj bat son plein, les Alsaciens sortent dans les rues vêtus de leur costume traditionnel, se réjouissent au milieu des senteurs de mets typiques. Clémence n’a pas d’argent, sa fille s’est perdue, avalée par les festivités et son futur patron l’attend à une table de restaurant. Elle ne partage pas l’entrain de la ville qui pourtant lui sourit. Quelques heures plus tard, elles s’installeront dans le domaine Kaufman. Elles s’autoriseront à sourire à leur tour.

     Au fil des pages Clémence et Noëlle se mêlent aux habitants, tissent des liens, travaillent à leur confort. Au fil des pages les tensions naissent et se révèlent. Les guerres et l’annexion de l’Alsace ne sont pas loin. La rancœur et la haine habitent toujours certains cœurs à l’égard du peuple qui a traversé le Rhin. Ce peuple qui a partagé ces rues et ces langues. Ce peuple qui compte d’anciens voisins. Ce peuple qui revient et où tous se confondent, indistinctement. Ce n’est pas le moment de laisser son cœur manquer un battement devant un allemand. Il pourrait être rabroué de coups pendant qu’elle se ferait tondre. Pourtant Noëlle met le pied dans l’engrenage. Elle osera et défendra son allemand, au nom de l’amour. Noëlle se battra, souvent seule, convaincue, intrépide. Une grande force émane de ce personnage féminin tout au long de son évolution.

      Je ne suis pas Alsacienne. Je n’ai jamais foulé le sol aux appartenances diverses, entendu ces voix aux intonations gutturales. Je n’ai jamais porté un costume traditionnel qui a des ressemblances avec celui qui se porte au-delà du Rhin. Je n’ai jamais ressenti la douleur passée de ma région. Je ne connais pas cela mais j’en ai un aperçu, jeune française vivant une année à München. Jeune fille française qui possède un Dirndl, des chaussettes blanches en dentelle qui grimpent sur les chevilles, qui aligne une suite de mots allemands, rentre dans ses boutiques, lit sa littérature, mange ses plats typiques. Je ne suis pas Alsacienne, on ne m’a rien imposé. Je partage pourtant, cette année, cette double culture. Ce livre a alors en moi, une résonance particulière. A travers les mots de Marie-Bernadette Dupuy, j’ai retrouvé un bout de quotidien, de consonances bientôt quittées et cette volonté de ne pas enfermer des nationalités dans des carcans. Elle nous rappelle que les cœurs sombres envahissent toute terre aussi bien que l’amour franchit toute frontière. J’ai appris sur la complexité de cette région et ses habitants et le désir de fouler son sol, un jour, a grandi.

      Ces mille pages m’ont accompagnées dans ma lente acceptation de quitter cette terre pour me rendre de l’autre côté du Rhin. Clémence et Noëlle m’ont racontées leurs histoires et évolutions prises dans la souffrance et le sang d’une époque. Elles m’ont narrées leurs convictions, leurs luttes et leur pacifisme. J’ai vogué avec elles de longs jours et j’ai aimé ce voyage qui n’a jamais paru trop long.

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