Les Fiancés du Rhin
de Marie-Bernadette Dupuy est un roman français paru le 2 Février
2012 chez Calmann Lévy.
Nombre de pages
(poche) : 999
Prix : 9.90
euros.
Résumé :
« Avec son
inimitable talent de conteuse, Marie-Bernadette Dupuy nous entraîne
dans une trépidante saga aux personnages attachants, embarqués dans
les soubresauts tragiques de l’histoire alsacienne. »
Mon avis :
Le premier dimanche
de septembre 1928 Clémence, accompagnée de sa fille Noëlle, se
rend à Ribeauvillé. La fête du Pffiferdaj bat son plein, les
Alsaciens sortent dans les rues vêtus de leur costume traditionnel,
se réjouissent au milieu des senteurs de mets typiques. Clémence
n’a pas d’argent, sa fille s’est perdue, avalée par les
festivités et son futur patron l’attend à une table de
restaurant. Elle ne partage pas l’entrain de la ville qui pourtant
lui sourit. Quelques heures plus tard, elles s’installeront dans le
domaine Kaufman. Elles s’autoriseront à sourire à leur tour.
Au fil des pages
Clémence et Noëlle se mêlent aux habitants, tissent des liens,
travaillent à leur confort. Au fil des pages les tensions naissent
et se révèlent. Les guerres et l’annexion de l’Alsace ne sont
pas loin. La rancœur et la haine habitent toujours certains cœurs à
l’égard du peuple qui a traversé le Rhin. Ce peuple qui a partagé
ces rues et ces langues. Ce peuple qui compte d’anciens voisins. Ce
peuple qui revient et où tous se confondent, indistinctement. Ce
n’est pas le moment de laisser son cœur manquer un battement
devant un allemand. Il pourrait être rabroué de coups pendant
qu’elle se ferait tondre. Pourtant Noëlle met le pied dans
l’engrenage. Elle osera et défendra son allemand, au nom de
l’amour. Noëlle se battra, souvent seule, convaincue, intrépide.
Une grande force émane de ce personnage féminin tout au long de son
évolution.
Je ne suis pas
Alsacienne. Je n’ai jamais foulé le sol aux appartenances
diverses, entendu ces voix aux intonations gutturales. Je n’ai
jamais porté un costume traditionnel qui a des ressemblances avec
celui qui se porte au-delà du Rhin. Je n’ai jamais ressenti la
douleur passée de ma région. Je ne connais pas cela mais j’en ai
un aperçu, jeune française vivant une année à München. Jeune
fille française qui possède un Dirndl, des chaussettes blanches en
dentelle qui grimpent sur les chevilles, qui aligne une suite de mots
allemands, rentre dans ses boutiques, lit sa littérature, mange ses
plats typiques. Je ne suis pas Alsacienne, on ne m’a rien imposé.
Je partage pourtant, cette année, cette double culture. Ce livre a alors en moi, une résonance particulière. A travers
les mots de Marie-Bernadette Dupuy, j’ai retrouvé un bout de
quotidien, de consonances bientôt quittées et cette volonté de ne
pas enfermer des nationalités dans des carcans. Elle nous rappelle
que les cœurs sombres envahissent toute terre aussi bien que
l’amour franchit toute frontière. J’ai appris sur la complexité
de cette région et ses habitants et le désir de fouler son sol, un
jour, a grandi.
Ces mille pages
m’ont accompagnées dans ma lente acceptation de quitter cette
terre pour me rendre de l’autre côté du Rhin. Clémence et Noëlle
m’ont racontées leurs histoires et évolutions prises dans la
souffrance et le sang d’une époque. Elles m’ont narrées leurs
convictions, leurs luttes et leur pacifisme. J’ai vogué avec elles
de longs jours et j’ai aimé ce voyage qui n’a jamais paru trop
long.
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