Chanson douce est un
roman français écrit par Leïla Slimani. Il a paru le 18 Août 2016
chez les éditions Gallimard dans la collection Blanche. Il a reçu
le prix Goncourt 2016, le Grand Prix des Lectrices Elle 2017 ainsi que le Grand Prix des Lycéennes Elle 2017. Il sera prochainement adapté au cinéma.
Nombre de pages :
227
Prix : 18
euros.
Résumé :
« Lorsque
Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences
de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet
d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après
un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite
l’affection des enfants et occupe progressivement une place
centrale dans le foyer. Peu à eu le piège de la dépendance
mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. »
Mon avis :
Louise arrive dans
une famille parisienne. Il y a un couple qui travaille et deux
enfants qui n’ont pas de place en crèche. Chaque matin et chaque
soir Louise passe des heures dans les transports comptant le temps
qui s’égraine de la banlieue à Paris. Là où les dettes
s’accumulent, où les jours se ressemblent et où l’argent ne
fleurit pas assez vite. Chaque jour un peu plus, elle se dévoue à
son travail, arpente l’appartement, prend des initiatives, connaît
le contenu de chaque tiroir, ce qui finit dans la poubelles, les
goûts de chaque membre de la famille. Toute la journée elle
s’occupe des enfants, fait face aux caprices, aux chagrins, aux
rires et aux marques d’affection. Elle reste plus tard le soir,
prend place aux dîners, est conviée aux vacances. Chaque jour la
notion de travail se brouille, les distances et les limites
s’amenuisent. Louise est la nounou parfaite, la nounou recommandée,
la nounou qui se mêle aux ombres des pièces. Chaque soir elle
s’efface, claque la porte, laisse sa place. Un jour elle devra la
fermer en sachant qu’elle n’en foulera plus son sol, que les
enfants se pendront au cou de leurs parents pendant qu’elle se
lavera au lavabo dans un appartement trop vide et trop silencieux où
la salle de bain s’est écroulée. Elle ne supporte pas l’idée.
Elle commet l’irréparable.
« Toute sa vie, elle avait eu l'impression de gêner. Sa présence dérangeait Jacques, ses rires réveillaient les enfants que Louise gardait. Ses grosses cuisses, son profil lourd s'écrasaient contre le mur, dans le couloir étroit, pour laisser passer les autres. Elle craignait de bloquer le passage, de se faire bousculer, d'encombrer une chaise dont quelqu'un d'autre voudrait. Quand elle parlait, elle s'exprimait mal. Elle riait et on s'en offensait, si innocent que fût son rire. Elle avait fini par développer un don pour l'invisible et logiquement, sans éclats, sans prévenir, comme si elle y était évidemment destinée, elle avait disparu. »
Ce court roman
s’ouvre sur la phrase : « Le bébé est mort. » On
connaît l’auteur du crime et son issue, on ne cherche pas à créer
du suspense. On va remonter le temps, chercher les failles, les abus,
les gestes annonciateurs. On va essayer de creuser son passé, ses
aspirations, ses manquements. On va essayer de la sortir de ce flou
dans lequel Louise se complaît et se fond. Sans jamais réussir à
en dessiner les contours. Chanson douce est un roman
perturbant sur la psychologie humaine, sur la place de chacun, composé d'une écriture simple et travaillée. Les mots s’enchaînent et les
décors se dessinent, l’atmosphère se solidifie et se palpe. Avec
économie, Leïla Slimani nous susurre une chanson douce oppressante,
cauchemardesque.
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