7 février 2018

Marche ou crève - Richard Bachman

Marche ou crève est un roman de Stephen King publié sous le pseudonyme de Richard Bachman, en 1979 dans sa version originale et en 1989 pour sa traduction française chez les éditions Albin Michel.
Nombre de pages (chez Le Livre de Poche) : 379.

Résumé :

« Garraty, un jeune adolescent natif du Maine, va concourir pour « La Longue Marche », une compétition qui compte cent participants. Cet événement est très attendu. Il sera retransmis à la télévision, suivi par des miliers de persones. Mais ce n'est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi...
Garraty a tout intérêt à gagner. Le contraire pourrait lui coûter cher. Très cher...  »


Mon avis :           

          Marche ou crève, ça sonne mieux que The Long Walk. The Long Walk c’est pas mal mais ça manque d’un soupçon de fatalité. Marche ou crève ça tape, ça accroche en plus d’être représentatif du contenu. On comprend tout de suite, c’est clair, c’est net, c’est précis. Tu meurs pas, tu crèves. Tu clamses pas, non quand même, tu n’es pas un chien, juste un numéro. Celui qui est collé dans le dos. Numéro 47, marche ou crève. On te le dira trois fois. Trois avertissements. C’est peu, alors il faudra faire attention de ne pas réduire ton rythme en dessous des 6 km/h réglementaire, et d’ouvrir ta braguette à reculons sans fléchir. Marche ou crève. Marche pendant que l’hystérie de la foule demande ta perte, et fais leur un sourire, qu’ils s’en souviennent au moins jusqu’à l’année prochaine. Mets tout de suite ta fierté de côté parce que lorsqu’il faudra soulager tes maux de ventre en moins d’une minute trente, elle risquerait de te gêner. Marche ou crève. Au quatrième tu sais ce qui t’attend. La détonation et la bâche en plastique. Marche jusqu’à ce que d’autres crèvent ou crève pour que d’autres marchent. Mais c’est pas compliqué, il n’y a qu’à choisir. Alors, tu marches ou tu crèves ?
          379 pages de marche ça me paraît un peu long, ça ne tiendra pas, ça s’essoufflera et à ce moment, je claquerai les pages. Des mômes qui se lancent dans une marche de la mort et des adultes qui applaudissent, il y a de quoi se dire que ce bouquin c’est une belle connerie. Mais pourquoi pas embarquer ? Rien que pour rire au nez du commandant. Une page après l’autre. Comme eux, je continue. J’ai les jambes lourdes de conserver la même position, mais je ne me plains pas, eux, ils risquent plus gros que moi. Je me mets à compter. Le temps, les avertissements et les numéros. Deux nouvelles pertes, tiens bon. Je m’en veux tout en me sentant obligée de poursuivre. Il faut que je garde le rythme.

« - Non. Y a un bon moment que je suis fatigué, dit Garraty avec une certaine animosité. Pas toi ?
- Continue de danser comme ça avec moi, Garraty, et je ne me fatiguerai jamais. Nous raclerons nos souliers sur les étoiles et nous nous suspendrons à la lune la tête en bas.
Il souffla un baiser du bout des doigts à Garraty et s'éloigna. »

          Il y a Garraty, Olson, McVries, Stebbins, Barkovitch. Il y a 100 jeunes hommes qui n’ont même pas 21 ans. Il y a des jeunes qui marchent et des jeunes qui crèvent. Il n’y a plus de bons ni de mauvais. Il y en a à qui l’on voudrait donner des gifles. Lui par exemple, il sourit au son de la détonation parce que ce n’est pas lui. Parce que lui, est encore debout. Il a les os des jambes qui s’effritent et la plante des pieds qui se décolle. Il a l’esprit qui titube. Bientôt ce sera l’écran noir et l’automate poursuivra jusqu’à ce que les piles tombent à plat. Et là, lui, on ne saurait dire s’il est meilleur ou s’il est pire. Avertissement. Il a ralenti, il a aidé un condamné. Il n’a pas compris le principe. Marche ou crève. Un qui tombe est une chance de plus d'être debout le lendemain. Alors arrête de parler. Arrête de d’épancher, de blaguer et d'épauler. T’as rien compris, l'humanité c’est la première chose à abandonner. Regarde autour de toi, tu la vois où ? Quitte à marcher pour crever autant soutenir cette humanité à bout de bras avant qu’un embout rond lui brûle le crâne. Tu parles. Personne ne retiendra ça. Ils ne verront que le corps décharné, les yeux révulsés et l’âme brisée, du dernier condamné.

          Tu as gagné à marche ou crève. T'as marché. Place à la suite. Aligne deux mots et j’exauce ton vœu. Alors, cap ou pas cap ?

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