23 février 2018

Coup de ♡ - A l'ouest rien de nouveau

Ce roman de guerre a été écrit par l'auteur allemand Erich Maria Remarque. Il a été publié en 1929 en Allemagne et en France.
Nombre de pages : 200.

Résumé :

          « Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes ? »



Mon avis :

          Il s'appelle Paul, il est allemand, il a 19 ans et la guerre est son métier. Il n'a rien connu d'autre, pas de boulot débuté, pas de vocation envisagée. Il a juste eu le temps de quitter les bancs de l'école avec ses camarades et se présenter. Parce que ça ira vite, parce qu'on sera fier, parce qu'on lui a inculqué que c'est ce qu'il fallait faire pour sa nation. Parce que tu sais pour quoi et contre qui tu te bats. Là en face, ces casques Adrian, ce sont les français. On ne voit pas bien leur contour, comme des points perdus au loin, mais je t'assure, ce sont des ennemis. Des hommes à qui prendre la vie. Tue ou fais toi tuer. Tu ne les connais pas mais je t'assure, ce sont nos ennemis. C'est la guerre qui l'a dit. Les dirigeants décident et toi tu brandis l'arme. Tu vas au front, tu braves la peur, le froid, la faim, les éclatements d'obus assourdissants, les gaz étouffants, le dégoût des cadavres à tes pieds. Tu ne sais même plus ce qui différencie ta tranchée de la leur. La langue et la bouffe, ça c'est sûr. Tu ne sais même plus pour quoi ou contre qui tu te bats. On t'a dit que tes ennemis entre 1914 et 1918 étaient les français alors tue en le plus possible. Oui, même celui qui t'a souri, celui qui ressent les mêmes émotions que toi, celui qui tient dans sa poche une lettre de sa femme qui attend son retour.

«Nous sommes devenus des animaux dangereux, nous ne nous combattons pas, nous nous défendons contre la destruction. Ce n'est pas contre des humains que nous lançons nos grenades, car à ce moment-là nous ne sentons qu'une chose : c'est que la mort est là qui nous traque, sous ces mains et ces casques. C'est la première fois depuis trois jours que nous pouvons la voir en face : c'est la première fois depuis trois jours que nous pouvons nous défendre contre elle. La fureur qui nous anime est insensée ; nous ne sommes plus couchés, impuissants sur l'échafaud, mais nous pouvons détruire et tuer, pour nous sauver... pour nous sauver et nous venger.»

          A ta permission, les gens te regardent et t'entourent, ils veulent que tu leur dises que le front n'est pas si terrible, qu'il y a beaucoup de on-dit. Ils veulent savoir pourquoi toi tu tiens quand la moitié de tes camarades ont leurs membres éparpillés sous terre. Ils veulent que tu leur dises que toi tu manges à ta faim quand eux n'ont plus rien, ils veulent que tu les remercies de contribuer à cette horreur.
          Et si ça se termine, que feras-tu après tout ça ? As-tu encore les ambitions et les rêves d'un jeune homme de 20 ans, toi qui n'as connu que la mort ? Allez, vis après ça.

«Puisque pareille chose est possible, combien tout ce qu'on a jamais écrit, fait ou pensé est vain ! Tout n'est forcément que mensonge ou insignifiance, si la culture de milliers d'années n'a même pas pu empêcher que ces flots de sang soient versés et qu'il existe, par centaine de mille, de telles geôles de torture. Seul l'hôpital montre bien ce qu'est la guerre. Je suis jeune, j'ai vingt ans ; mais je ne connais de la vie que le désespoir, l'angoisse, la mort et l'enchaînement de l'excistence la plus superficielle et la plus insensée à un abîme de souffrance. Je vois que les peuples sont poussés l'un contre l'autre et se tuent sans rien dire, sans rien savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les cerveaux les plus intelligents de l'univers inventent des paroles et des armes pour que tout cela se fasse d'une manière encore plus raffinée et dure encore plus longtemps. Et tous les hommes de mon âges, ici et de l'autre côté, dans le monde entier, le voient comme moi ; c'est la vie de ma génération, comme c'est la mienne. Que feront nos pères si, un jour nous nous levons et nous nous présentons devant eux pour réclamer des comptes ?»

          Ce roman de guerre, si pacifiste, m'a profondément touché. A mon tour, je me suis demandée à quoi cela rimait. Si toutes ces pertes, ces horreurs, ces chemins brisés nous avait réellement aidé à entamer un monde meilleur. Où il fait meilleur d'y vivre. Je me suis demandée si moi aussi, j'aurais considéré l'autre comme un ennemi dès qu'un mot allemand lui aurait échappé. Si j'aurais tout englobé, sans apprendre à connaître parce que mon pays m'aurait dit où placer ma colère. Je me suis demandée ce qui se passerait si aujourd'hui, on devait partir à la guerre, moi et ma petite vingtaine. Et rien. Je n'ai pas de réponse.

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