2 juillet 2019

La vraie vie - Adeline Dieudonné

La vraie vie est un roman belge écrit par Adeline Dieudonné et publié aux éditions de l'Iconoclaste le 29 Août 2018. Il a reçu plusieurs prix dont le Grand Prix des lectrices Elle 2019, le Prix Fnac 2018, le Prix Renaudot, et le Prix Goncourt des lycéens 2018.
Nombre de pages : 265
Prix : 17 euros




          Dans le Démo toutes les maisons se ressemblent. Elles ont un jardin et sentent la moisissure. Pas celle des parents de la narratrice sans nom. Dans leur maison, il y a une cave qui empêche l'odeur de monter. Il y a aussi un jardin plus grand, ce qui rend les autres jaloux. Ils ont hérité de la maison prévue pour l'architecte du lotissement. Dans cette maison, il y a des animaux empaillés dans la pièce des cadavres, des biquettes bien vivantes au dehors, deux parents et deux enfants. Ces derniers jouent dans les carcasses de voitures, à les faire vrombir de bruits de bouches et d'escapades à la venue du monsieur qui crie "Et alors ?". Ils traversent le bois des Petits Pendus, griffé de V par un dragon enragé de tristesse. C'est ce que la fée, la voisine, raconte aux enfants. La Valse des fleurs de Tchaïkovski égaye les rues et annonce l'arrivée du marchand de glaces. Mais ce jour là, il y a un accident. La musique toujours dans la tête, et le dégoût au bord de l'âme, sa sonorité n’allégera plus les cœurs. Les jours qui suivent, Gilles perd son sourire et déserte le lit de sa sœur qu'il habitait presque tous les soirs. Il ne sera plus le réconfort et la lumière dans une maison où la peur et la soumission règnent. Il ne sera plus le rire chaleureux qui contrebalancera celui, animal, qui sue de tous les pores de la pièce des cadavres. Mais la narratrice n'abandonnera rien. Forte, héroïque et indomptable, du haut de sa petite dizaine d'années, elle luttera sans relâche pour tenir pour deux, pour qu'un jour son frère arbore de nouveau son plus beau sourire, pour lui alléger le cœur et faire de cette horreur, une erreur du temps.

          La puissance de ce roman belge
- à narrateur autodiégétique et au point de vue enfantin - réside dans la force de son héroïne, que l'on voit grandir au fil des pages. L’écriture mûrit avec elle et balaye cinq années. On y suit la perte de l'innocence, la toxicité du refoulement des émotions, l'oppression familiale, la traque de l'espoir, la nécessité de tenir debout. Dans un univers effroyable à l'odeur de whisky, il n'y a plus qu'à bâtir. Une carapace, des connaissances, un guide de survie et un soupçon de l'étoffe de Marie Curie.

Simplement magnifique.



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